Pour célébrer le 10 JUIN, JOUR DU PORTUGAL, DE CAMÕES ET DES COMMUNAUTÉS PORTUGAISES, cette histoire du Portugal racontée par ALMADA NEGREIROS
Autoportrait, 1926 (détail)
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TEJO, lombada do meu poema aberto
em páginas
de Sol
Le Portugal se trouve là-bas, dans un endroit
du Sud-Ouest de l’Europe le plus éloigné
de Paris.
Le Portugal est le dernier cœur Européen
avant la Mer.
Nous avons notre Soleil National Portugais
qui fait grandir les pastéques* et qui rend les
femmes belles comme des pommes et les hom-
mes durs comme des mâts.
Nous avons tous les fleuves dont nous avions
besoin. Le Taje* en est le plus grand : il est
né en Espagne, comme d’autres, mais i1 n’a
pas voulu y rester.
Nous avons aussi des petits chevaux d’ancien-
ne race méridionale, tâchetés comme des va-
ches et qui n’ont jamais eu de pareil. Ils se
promènent après le diner, tout
fièrs* d’être
Portugais.
Nous avons aussi des vendeuses de poisson
qui vont dans les rues comme les bateaux sur Mer.
– Elles ont le goût du sel. Dans leur
pan-
niers* elles portent la Mer.
Elles se marient avec les pêcheurs qui ont
des têtes d’Océan et pantalons bleu-marin.
(Au bout d’une dixaine* d’années cela fait une
dixaine* de petits matelots tout neufs!)
Le dimanche on va déjeuner sur l’herbe pour
voir notre Soleil National Portugais faire gran-
dir les pastéques* au tour* de petites maisons
blanchies où l’on fait encore des Portugais.
Les femmes du Portugal sont les seulles* qui
sachent faire des Portugais!
Le Dimanche on cherche une Marie pour se
marier. Tous les mariages commencent par
un Dimanche!
Moi aussi, j’aime une Maria! Je voudrais bien
que ce soit la Mienne: je trouve qu’Elle est la
plus jolie et Elle crois* que je suis le plus intel-
ligent!
Nous nous marierons, tout le monde le dit!
TEJO, lombada do meu poema aberto
em páginas
de Sol
Notre premier Roi fut un géant. On dit que,
de ce fait, il fut Roi
Dans une guerre contre les sarrasins, notre
1er Roi perdit tous ses soldats. Il resta seul
en combat contre tous les sarrasins.
Notre-Seigneur Jésus-Christ vint à son aide
et tous deux ont gagné la guerre contre tous
les sarrasins.
Ceci est raconté en héraldique par le drapeau
Portugais.
Au moyen-âge, où l’on a beaucoup pensé, le Roi Jean Premier, dit celui de Bonne Renommée, s’est marié (avec le consentement du peuple portugais) à une très jolie dame Anglaise laquelle acoucha* de 4 des plus grands Portugais:
Un SAINT, un ROI, un HÉRO* et un SAGE.
Celui-ci fut grand mathématicien. Il fit de la mathématique dans un temps où il fallait encore inventer de la mathématique.
Il choisit un endroit dans le midi du Portugal, tout contre la Mer – pour déchifrer* la Mer! C’est là l’endroit du Portugal le plus éloigné de Paris!
Et tout ceci se passait dans un temps où la Mer avait de terribles serpents dans la tête des marins.
Ce sage prince dessinait jour et nuit le mappemond*. Quand ce fut fait, il fit bâtir des vaisseaux et des vaisseaux, pour qu’ils allassent répétir* sur Mer les lignes au crayon qu’il avait tracées sur son mappemond*.
Les vaisseaux sont partis, et quand les vaisseaux revinrent, les lignes au crayon que le Sage avait tracées sur son mappemond*, étaient exactement vraies! elles avaient été parfaitement bien imaginées!
Depuis ce jour, l’Europe commença à devenir bien plus grande que sur la carte.
Un autre Portugais fait, le premier, le tour
du monde, tout comme l’oleil* fait de* rond le*
l’orange.
Sur terre aussi, nous avons été trés* grandes*.
Guillaume Apollinaire connut un Portugais,
D. Pedro d’Alfarrobeira qui est revenu de son
7ème voyage.
«Avec ses quatre dromadaires courut le
monde et l’admira. Il fit ce que je voulais
faire si j’avait* quatre dromadaires»,
dit Guillaume Apollinaire sur ce Portugais-là.
Un jour, Dom Sebastião, notre Roi le plus
jeune, notre plus beau Roi, rassembla toute
la jeunesse Portugaise pour accomplir la
grande Victoire.
Mais Dieu garda cette Victoire, en atten-
dant... en attendant demain... en attendant
toujours demain…
…Nous attendant, nous autres, les Por-
tugais d’aujourd’hui!
Paris, 7 avril 1919
in 4 poesia OBRAS COMPLETAS, Editorial Estampa, 1971
Nous avons transcrit le texte en gardant respectueusement les erreurs linguistiques signalées par un *