IL AVAIT ÉTÉ DÉPORTÉ À AUSCHWITZ
Léon Zyguel est mort à 87 ans
Paris Match|
Publié le 30/01/2015
Anthony Verdot-Belaval
Déporté à Auschwitz et à Buchenwald, Léon Zyguel a été témoin de l’horreur des camps de la mort durant la Seconde guerre mondiale. Il avait été aussi témoin lors du procès de Maurice Papon. Il est décédé jeudi à l’âge de 87 ans.
Le 27 janvier dernier, le monde commémorait le 70e anniversaire de la libération d’Auschwitz-Birkenau par les forces alliées. Deux jours plus tard, un peu de cette mémoire s’est éteinte. Léon Zyguel, déporté à Auschwitz en septembre 1942 et témoin lors du procès de Maurice Papon, est décédé jeudi à l'âge de 87 ans. En janvier 1945, il a participé à l'une des "marches de la mort" organisées par les Allemands pour faire évacuer certains camps devant l'avance des troupes soviétiques. Il s'est alors retrouvé dans le camp de Buchenwald. Là, il participera avec les autres prisonniers à la libération, le 11 avril 1945. «Il a fait preuve, lors de cette action libératrice, avec les autres prisonniers, d'une humanité rare. Cette même humanité qu'il garda chevillée au corps tout au long de sa vie, choisissant de faire prisonnier ses geôliers, pour qu'ils soient jugés, plutôt que de se faire justice», ont écrit les élus du Front de gauche de Montreuil, dans un communiqué.
Né à Paris en 1927 de parents juifs polonais émigrés en France, Léon Zyguel avait été arrêté par la gendarmerie allemande à 15 ans, en mai 1942, au passage de la ligne de démarcation. Toute sa vie, après la guerre, il était resté un grand militant communiste et anticolonialiste, acteur de son propre rôle dans le film «Les Héritiers» (2014), où il venait raconter sa déportation aux élèves d'un lycée de Créteil, Léon Zyguel vivait à Montreuil, près de Paris. Il était chevalier de la Légion d’honneur.
"Un passeur de mémoire"
Léon vivait depuis plus de 50 ans à Montreuil, en région parisienne. Ses amis du Front de Gauche ont souhaité saluer «sa modestie, son humanité rare, sa hauteur d’esprit, sa simplicité à dire l’indicible et les valeurs qu’il défendait et incarnait», tout en ajoutant que Léon «était une personnalité attachante et remarquée de notre ville - Montreuil - où il jouait un rôle actif dans la transmission de la mémoire».
D’autres personnalités politiques se sont exprimées à l’annonce de son décès. Le Premier ministre, Manuel Valls, a déclaré sur Twitter: «Artisan de la mémoire, passeur auprès des jeunes générations (#LesHéritiers), poursuivons le combat courageux de Léon Zyguel». De son côté, la ministre de l’Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a réagi avec émotion confiant que la mémoire de Léon «ne s’éteindra pas tant qu’il y aura des héritiers pour la transmettre». Pour finir, le secrétaire d'Etat chargé des Anciens combattants et de la Mémoire, Jean-Marc Todeschini, a salué «un passeur de mémoire, un homme qui avait fait de son expérience tragique le combat de sa vie».
Ce grand homme de la résistance est mort deux jours après les commémorations du 70e anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz, le 27 janvier. A cette occasion, il avait témoigné dans l'Humanité: «L’essentiel, c'est de garder sa dignité. Il ne faut jamais l'oublier. Eux voulaient nous déshumaniser pour mieux nous abattre».
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Serment de Buchenwald.
Le serment de Buchenwald a été prononcé sur la place d’appel du camp de Buchenwald le 19 avril 1945 , une semaine après la libération du camp.
« Nous, les détenus de Buchenwald, nous sommes venus aujourd’hui pour honorer les 51 000 prisonniers assassinés à Buchenwald et dans les Kommandos extérieurs par les brutes nazies et leurs complices. 51 000 des nôtres ont été fusillés, pendus, écrasés, frappés à mort, étouffés, noyés, empoisonnés et tués par piqûres. 51 000 pères, frères, fils sont morts d’une mort pleine de souffrances, parce qu’ils ont lutté contre le régime des assassins fascistes. 51 000 mères, épouses et des centaines de milliers d’enfants accusent. Nous, qui sommes restés en vie et qui sommes des témoins de la brutalité nazie, avons gardé avec une rage impuissante la mort de nos camarades. Si quelque chose nous a aidés à survivre, c’était l’idée que le jour de la justice arriverait.
AUJOURD’HUI NOUS SOMMES LIBRES
Nous remercions les armées alliées, les Américains, les Anglais, les Soviétiques, et toutes les armées de libération qui luttent pour la paix et la vie du monde entier. Nous rendons hommage au grand ami des antifascistes de tous les pays, à l’organisateur et initiateur de la lutte pour un monde nouveau, que F.D. Roosevelt. Honneur à son souvenir. Nous ; ceux de Buchenwald, Russes, Français, Polonais, Tchécoslovaques et Allemands, Espagnols, Italiens
et Autrichiens, Belges et Hollandais, Luxembourgeois, Roumains, Yougoslaves et Hongrois, nous avons lutté en commun contre les SS, contre les criminels nazis, pour notre libération.
Une pensée nous anime
NOTRE CAUSE EST JUSTE, LA VICTOIRE SERA NOTRE.
Nous avons mené en beaucoup de langues la même lutte dure et impitoyable. Cette lutte exigeait beaucoup de victimes et elle n’est pas encore terminée. Les drapeaux flottent encore et les assassins de nos camarades sont encore en vie. Nos tortionnaires sadiques sont encore en liberté. C’est pour ça que nous jurons, sur ces lieux de crimes fascistes, devant le monde entier, que nous abandonnerons seulement la lutte quand le dernier des responsables sera condamné devant le tribunal de toutes les nations : L’écrasement définitif du nazisme est notre tâche.
NOTRE IDÉAL EST LA CONSTRUCTION D’UN MONDE NOUVEAU DANS LA PAIX ET LA LIBERTÉ.
Nous le devons à nos camarades tués et à leurs familles. Levez vos mains et jurez pour démontrer que vous êtes prêts à la lutte. »
José Maria Silva
Maria Laura Matos
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