Hommage à cet immense Homme de Lettres
Jean-Claude Carrière à Barcelone, le 19 janvier 2009 (XAVIER BERTRAL / EPA / MAXPPP)
Les grandes dates de sa vie
17 septembre 1931. Né à Colombières-sur-Orb (Hérault)
1964. Signe le scénario du Journal d’une femme de chambre, début d’une collaboration de dix-neuf ans avec le cinéaste Luis Buñuel
1969. Collabore avec Jacques Deray sur La piscine puis Borsalino
1979. Adapte Le Tambour, de Günter Grass pour Volker Schlöndorff, Palme d’or festival de Cannes
1983. Obtient le César du meilleur scénario original pour Le retour de Martin Guerre, de Daniel Vigne
1985. Adapte Le Mahabharata, mis en scène par Peter Brook aux Bouffes du Nord
1992. Écrit La controverse de Valladolid, adaptée à la télévision puis au théâtre
2000. Publie Le vin bourru, autobiographie de sa jeunesse
2015. Reçoit un Oscar d’honneur pour l’ensemble de son travail de scénariste
MERCI
Un roman qui traite, comme son nom l’indique, de la controverse qui a eu lieu à Valladolid. Deux personnages s’affrontent, Las Casas et Sépulveda, sur le statut des Indiens...
Une œuvre magistrale!
José Maria Laura
Quelques passages:
« - Pourquoi avons-nous fait ce que nous avons fait ? Pourquoi toutes ces marches, et ces tempêtes, et ces batailles continuelles ?
- Dieu l'a voulu.
- Mais justement: pourquoi l'a-t-il voulu ?
Pourquoi a-t-il collé les yeux de la plupart des hommes avec de la glu ? Pourquoi les a-t-il envenimés du goût de l'or et de la possession ? Pourquoi a-t-il donné à certain d'entre eux l'intelligence la plus fine pour défendre l'horreur totale ? Lui qui est l'éternel amour et la puissance sans limites, pourquoi nous a-t-il tirés vers le contraire de l'amour ? Pourquoi la haine et la violence sont-elles si fortes, si durables, si constamment établies dans nos cœurs ? »
« Il quitte sa table et s'avance. Son émotion devient très vive et très visible.
- Ces peuples ne nous faisaient pas la guerre ! Ils venaient à nous tout souriants, le visage gai, curieux de nous connaître, chargés de fruits et de présents ! Ils ne savaient meme pas ce qu'est la guerre ! Et nous leur avons apporté la mort ! Au nom du Christ !
Plusieurs assistants se dressent, comme scandalisés.
Parmi eux le supérieur qui dit au légat :
- Eminence, n'est-ce pas là un blasphème ?
[...]
Et Las Casas n'hésite pas :
- Oui, tout ce que j'ai vu, je l'ai vu se faire au nom du Christ ! J'ai vu les Espagnols prendre la graisse d'Indiens vivants pour panser leurs propres blessures ! Vivants ! Je l'ai vu ! J'ai vu nos soldats leur couper le nez, les oreilles, la langue, les mains, les seins des femmes et les verges des hommes, oui, les tailler comme on taille un arbre ! Pour s'amuser ! Pour se distraire !....
...
- Une autre fois, Eminence, toujours à Cuba, on s'appretait à mettre à mort un de leurs chefs, un cacique, qui avait osé se rebeller ou protester, et à le brûler vif. Un moine s'approcha de l'homme et lui parla un peu de notre foi. Il lui demanda s'il voulait aller au ciel, où sont la gloire et le repos éternels, au lieu de souffrir pour l'éternité en enfer. Le cacique lui dit : Est-ce que les chrétiens vont au ciel ? Oui, dit le moine, certains d'entre eux y vont. Alors, dit le cacique, je préfère aller en enfer pour ne pas me retrouver avec des hommes aussi cruels !
« Aucune guerre ne peut être sainte quand elle entraîne le massacre et l’esclavage. »
« Pour anéantir des coutumes que nous appelons barbares, nous nous sommes faits plus barbares encore ! »
« Il est rare que ceux qui établissent des catégories sociales entre les hommes se rangent eux-mêmes sur les plus bas degrés de l'échelle. »
« La vérité s'avance toujours seule et fragile, toujours attaquée par mille ennemis. Le mensonge au contraire a beaucoup d'auxiliaires.»
A l'auteur du blog: corriger svp l'année de décès de J.-C. Carrière!!! Nous sommes en 2021!!!
RépondreSupprimerCher visiteur/chère visiteuse, merci infiniment!
SupprimerQuelle étourderie! C'est corrigé!
José Maria et Maria Laura