A cette époque, je ne savais pas encore que de nombreux hommes, venant de mon continent natal, avaient participé à ce conflit. On les avait nommé "les indigènes", un mot lourd de sens. Des hommes qui venaient des colonies françaises, d’Afrique subsaharienne et du Maghreb. Ils avaient laissé derrière eux leur pays et leurs familles, mais leurs noms n’étaient pas inscrits sur le monument aux morts de mon village.
En voyant cette photo de Jean Tournassoud, je ne peux pas m’empêcher de penser à ce que cet homme a dû ressentir en se retrouvant au milieu des plaines de l’Est de la France. Des paysages inconnus pour lui, une terre gelée par le froid et ravagée par la guerre, des images loin des palmiers et de la lumière qui avaient dû le voir grandir. Un homme qui aurait très bien pu être mon arrière-grand-père...
Que pouvait ressentir cet homme si loin de sa terre natale ? / © collection privée Ph. Baticle
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