La Tour Eiffel fête ses 129 ans!



JOYEUX ANNIVERSAIRE!

Durée de construction record
Il n'a fallu que cinq mois pour construire les fondations et vingt et un mois pour réaliser le montage de la partie métallique de la Tour.

C'est une vitesse record si l'on songe aux moyens rudimentaires de l'époque. Le montage de la Tour est une merveille de précision, comme s'accordent à le reconnaître tous les chroniqueurs de l'époque. Commencé en janvier 1887, le chantier s'achève le 31 mars 1889. Gustave Eiffel est décoré de la Légion d'Honneur sur l'étroite plate-forme du sommet.

En chiffres
18 038 pièces métalliques
5 300 dessins d’atelier
50 ingénieurs et dessinateurs
150 ouvriers dans l’usine de Levallois-Perret
Entre 150 et 300 ouvriers sur le chantier
2 500 000 rivets
7 300 tonnes de fer
60 tonnes de peinture
2 ans 2 mois et 5 jours de chantier
5 ascenseurs.
La Tour fut achevée le 31 mars 1889
Les travaux ont duré 2 ans, 2 mois et 5 jours.
Le premier étage fut achevé le 1er avril 1888.
Le deuxième étage fut achevé le 14 août 1888.
Le montage s’acheva définitivement avec le sommet, le 31 mars 1889.

MERCI: https://www.toureiffel.paris/fr/le-monument/histoire


24 mars 2018

Obtention de la carte de résident : quel niveau de français requis ?

Crédits : © stockphoto-graf - Fotolia.com



Carte de résident : comment justifier de votre connaissance du français ?



Si vous faites une 1ere demande de carte de résident, vous devez prouver que votre maîtrise du français est supérieure ou égale au niveau A2 du cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL) du Conseil de l'Europe.
Pour cela, vous devez :
- soit avoir réussi un test linguistique,
- soit avoir obtenu un diplôme attestant un niveau de connaissance du français au moins équivalent au niveau A2 du CECRL ou sanctionnant un enseignement suivi en langue française.
PAR EXEMPLE:

- diplôme délivré par le Centre international d'études pédagogiques : diplôme d'études en langue française (DELF)      (...)

MERCI: https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F34501

23 mars 2018

22 mars 2018

STÉPHANE DE GROODT - Aux mages de la langue française...

Aux mages de la langue française...














 Alors vous le savez peut-être, épithète que non, mais hier soir, si vous nous regardez demain, c’était la journée de la langue française. Et d’ailleurs la langue Françoise.. Nyssens en fait cette année son cheval de bataille. Il faut dire qu’avec toutes ces réformes d’orthographes on ne sait plus très bien à quel sein se vouer, et le risque est grand d’échouer alors sur une prothèse grammaire aux attributs factices, mais néanmoins flotteurs...

Afin de remettre les pendules au milieu du village, situé non pas dans l’Eure mais plutôt vers l’Aisne, j’ai voulu évoquer ces amoureux de la langue, oui car chaque-langue à ses amoureux, qui ont donné leur lettre de noblesse au 7ème art, à la chanson, à la littérature.

Des gens d’esprit, ou Desplat pour les plus mélodieux, des gens de lettres, pas toujours recommandés, des j’en-sais-rien, des jean-sait-tout comme Jean d’Or-mes-son et lumière, brillant comme la flamme du cierge Gainsbourg qui composait des mots comme il en va des portées à musique. Qui n’a pas aimé-ses-airs... et son art de la scène..Lupin et des jeux aurait dit Raymond Devos paré de sa camisole de farces.. et à Trappes, Djamel ! Comment ne pas le citer... Depuis la série H je-L’aiM’…

D’autres encore comme Michel Audiard pour qui LaLa langue n’était pas que du cinéma, Francis Blanche qui’a-fait théâtre de ses aphorismes, Francis qui’a-Brel comme maître enchanteur, Michel et la folie-Berger, chanteur à-groupies et qui pourtant jouait du piano debout. Je me souviens aussi de cette époque épique, où la Barbe-à-ras, George Mous.. taki-nait la corde de sa guitare, devant Guy béat d’admiration, devant Brassens aussi, et les copains Debord… De tous bords même que ces personnages qui nous ont emmenés sur les pages de leurs débarquements. Naguère.

Certains auteurs m’ont transmis la passion pour les mots..tôt, d’autres, plus classiques, m’ont séduit par leurs mots..tard. Question de cycle, que j’ai donc enfourché pour essayer de les retrouver.
Par un heureux Goncourt de circonstance ils étaient là, réunis dans le Prévert où poussaient les Marguerite et le Genet, où La Bruyère prenait Racine, où gambadait Labiche et le Pagnol breton, où Alain Robbe-Grillet au soleil. Plus loin sur la rive, le long d’un petit Rousseau Feydeau de Vian, Stéphane, Mallarmé de patience, pêchait à la courte ligne, espérant, avec le temps, Ferré un beau poisson.

Comprenant qu’il avait besoin d’aide, j’épaule Sartre, car lui aussi voulait pécho le poisson. Il avait Beauvoir-Simone dans les parages, il n’avait d’yeux que pour Lamartine qui se baladait avec la petite Colette de Sagan..mère. Je regardais avec amusement ces drôles d’oiseaux dont je connais bien la patte et les plumes acérées, mais j’eus beau chercher, je ne voyais pas où-est-le-bec. En même temps y avait du monde. Des intimes, Desproges et des moins proches.


A voir l’heure qui passait au milieu de ces gens trépassés, je décidai finalement de refermer cette parenthèse enchantée et de rentrer au plus tôt, le latin même, afin que cette histoire du soir je puisse vous l’Aragonter. En quittant ce monde des arts-trise, oui j’avais Delerm à l’œil, je repensai, n’en déBlaise à Pascal, Alain et à l’autre. Eh oui NaGuy..de Maupassant à Bern-anos, de Guillaume un-peu-lunaire au m’Alain Proust, il y en eu des poètes ! Des maudits, des modernes, des modés, d’émotions-d’censure même. Surtout quand le poète plus haut que son culte !

En vers et parfois contre tous, ces auteurs nous Rabelais quelque chose. Ce petit quelque chose qui nous donne ce Baudelaire de famille et qui langage que nous. Qui nous rappelle que si la langue française est plurielle c’est parce qu’elle est singulière, riche de ces mots qui nous font du bien, qu’ils soient d’aujourd’hui ou de Mol—ière.

© Stéphane De Groodt 2018

MERCI!

21 mars 2018

LA FRANCOPHONIE - activités

Ces exercices ont été adaptés à partir d'une fiche de Frédérique Treffandier, CAVILAM – Alliance française
José Maria Laura 
MERCI: http://www.francparler-oif.org/wp-content/uploads/2016/11/1.1-La-Francophonie-Dans-Le-Monde-Enfants.pdf

1. La francophonie
Lisez puis complétez le texte sur l’emblème de la Francophonie.
« Égalité, Complémentarité, Solidarité ».


Sur un fond blanc , cinq arcs de couleur
j _ _ _ _ , b _ _ _  , r _ _ _ _ , v _ _ _ _ _  et v _ _ _  ,
s’appuient les uns sur les autres pour former un c _ _ _ _ _   (forme géométrique) symbolisant l’entraide, le regroupement et la collaboration.
Les cinq couleurs rappellent les diverses couleurs des États participant au S _ _ _ _ _ de la F _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ (depuis 1986) et les cinq 
c _ _ _ _ _ _ _ _ _ (parties du monde).





2. Les multiples visages de la francophonie

Voici quatre pays francophones... À vous de les découvrir...

  • Observez attentivement les photos et retrouvez leurs légendes (après la dernière photo) en associant un numéro et une lettre. Il y a des indices...

  • Proposez ensuite des catégories pour les classer ( les monuments, les personnalités, la gastronomie, etc. ).
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A.  un baobab
B.  un caribou
C. le Mont Saint-Michel
D. le sirop d’érable
E. un plateau de fromages
F. Stromae
G. le tour de France
H. le Manneken Pis
I. le feu d’artifice du 14 juillet
J. Omar Sy
K. l’Atomium
L. Céline Dion
M. un poulet Yassa
N. un plat de moules-frites
O. le 
Château Frontenac  
P. le monument de la Renaissance africaine à Dakar
Q. la Grand-Place de Bruxelles
R. le hockey sur glace

Bon travail!

Les photos ont été trouvées sur Internet. Merci!

18 mars 2018

Le subjonctif présent

Janice, ton subjonctif est si mignon!

Le document ci-dessous a été créé dans le cadre du projet DELFerreira qui  prépare des élèves aux examens du DELF SCOLAIRE dans notre établissement, Escola Secundária Ferreira Dias, à Agualva-Cacém, au Portugal.

José Maria Silva et Maria Laura Matos

Le subjonctif exprime       
un doute               
une possibilité
un conseil
une obligation
un désir                


1. FORMATION DU SUBJONCTIF PRÉSENT:

RADICAL DU VERBE  (3ème personne du pluriel du présent de l’indicatif)
TERMINAISONS: 
- e
- es
- e
- ions
- iez
- ent
   
2. PRINCIPAUX VERBES IRRÉGULIERS:

ALLER        aille     ailles     aille     allions     alliez     aillent
ÊTRE        sois     sois     soit     soyons     soyez     soient
AVOIR        aie      aies     ait     ayons     ayez     aient
DEVOIR        doive     doives     doive     devions     deviez     doivent
PRENDRE     prenne   prennes   prenne   prenions   preniez     prennent
VENIR        vienne    viennes    vienne    venions    veniez    viennent
VOULOIR       veuille   veuilles   veuille   voulions   vouliez   veuillent
FAIRE        fasse     fasses     fasse     fassions     fassiez     fassent
POUVOIR      puisse   puisses   puisse   puissions   puissiez   puissent
SAVOIR        sache    saches    sache    sachions    sachiez    sachent


2. EXPRESSIONS + SUBJONCTIF:

- DÉSIRER QUE...                      
Je désire que le travail soit (ÊTRE) fait.

- PRÉFÉRER QUE...
Elle préfère qu’ils viennent (VENIR) demain.


- VOULOIR QUE...
Le professeur veut que tu lises (LIRE).

- AIMER QUE (Conditionnel)...
Vous aimeriez qu’elle finisse (FINIR) l’exercice.

- EXIGER QUE...
Le chef exige que vous restiez (RESTER).

- IL FAUT QUE...
Il faut que nous partions (PARTIR) tout de suite.

- IL EST POSSIBLE QUE...
Il est possible qu’elle puisse (POUVOIR) répondre.

- IL VAUT MIEUX QUE...
Il vaut mieux que vous sachiez (SAVOIR) la vérité.

- BIEN QUE / QUOIQUE...
Bien qu’il ne fasse pas (FAIRE, forme négative) beau, je vais à la plage.

- POUR QUE / AFIN QUE...
Ils te téléphonent pour que tu te sentes (SE SENTIR) mieux.

ATTENTION: 
 Je pense qu’il a raison. (indicatif)
Je ne pense pas qu’il ait raison. (subjonctif)

EXERCICES
👉 https://www.francaisfacile.com/exercices/exercice-francais-2/exercice-francais-4514.php


15 mars 2018

PAUL ÉLUARD - Dans Paris

Dans Paris

Dans Paris, il y a une rue; dans cette rue, il y a une maison; dans cette maison, il y a un escalier; dans cet escalier, il y a une chambre; dans cette chambre, il y a une table; sur cette table, il y a un tapis; sur ce tapis, il y a une cage; dans cette cage, il y a un nid; dans ce nid, il y a un œuf; dans cet œuf, il y a un oiseau.

L’oiseau renversa l’œuf; l’œuf renversa le nid; le nid renversa la cage; la cage renversa le tapis; le tapis renversa la table; la table renversa la chambre; la chambre renversa I'escalier; l'escalier renversa la maison; la maison renversa la rue; la rue renversa la ville de Paris.

PAUL ÉLUARD



Paris, février 2018
Photo de José Maria Laura

FERNANDEL et MIGUEL ZAMACOÏS - L'accent

En 1967...

L'accent
De l'accent! De l'accent! Mais après tout en ai-je?
Pourquoi cette faveur? Pourquoi ce privilège?
Et si je vous disais à mon tour, gens du Nord,
Que c'est vous qui pour nous semblez l'avoir très fort
Que nous disons de vous, du Rhône à la Gironde,
"Ces gens-là n'ont pas le parler de tout le monde!"
Et que, tout dépendant de la façon de voir,
Ne pas avoir d'accent, pour nous, c'est en avoir...

Eh bien non ! je blasphème! Et je suis las de feindre!
Ceux qui n'ont pas d'accent, je ne peux que les plaindre!
Emporter avec soi son accent familier,
C'est emporter un peu sa terre à ses souliers,
Emporter son accent d'Auvergne ou de Bretagne,
C'est emporter un peu sa lande ou sa montagne!
Lorsque, loin de chez soi, le cœur gros, on s'enfuit,
L'accent? Mais c'est un peu le pays qui vous suit!
C'est un peu, cet accent, invisible bagage,
Le parler de chez soi qu'on emporte en voyage!
C'est pour le malheureux à l'exil obligé,
Le patois qui déteint sur les mots étrangers!
Avoir l'accent enfin, c'est, chaque fois qu'on cause,
Parler de son pays en parlant d'autre chose!...

Non, je ne rougis pas de mon si bel accent!
Je veux qu'il soit sonore, et clair, retentissant!
Et m'en aller tout droit, l'humeur toujours pareille,
En portant mon accent sur le coin de l'oreille!
Mon accent! Il faudrait l'écouter à genoux!
Il nous fait emporter la Provence avec nous,
Et fait chanter sa voix dans tous nos bavardages
Comme chante la mer au fond des coquillages!
Écoutez! En parlant, je plante le décor
Du torride Midi dans les brumes du Nord!
Il évoque à la fois le feuillage bleu-gris
De nos chers oliviers aux vieux troncs rabougris,
Et le petit village où la treille splendide
Éclabousse de bleu la blancheur des bastides!
Cet accent-là, mistral, cigale et tambourin,
À toutes mes chansons donne un même refrain,
Et quand vous l'entendez chanter dans mes paroles
Tous les mots que je dis dansent la farandole!

MIGUEL ZAMACOÏS
(1866-1955)

9 mars 2018

Le Jardin du Luxembourg en poésie

 Au cœur de l'un des plus beaux jardins de Paris, 
avec, toujours, nos images fugaces et les mots éternels ...

Photos de José Maria Laura - février 2018 
Charles Arthur Bourgeois, l'acteur grec, 1868
Gaston Watkin - Mémorial aux étudiants résistants

GÉRARD DE NERVAL 
(1808-1855)

Une allée du Luxembourg

Elle a passé, la jeune fille
Vive et preste comme un oiseau
À la main une fleur qui brille,
À la bouche un refrain nouveau.

C'est peut-être la seule au monde

Dont le cœur au mien répondrait,
Qui venant dans ma nuit profonde
D'un seul regard l'éclaircirait !

Mais non, - ma jeunesse est finie ... 

Adieu, doux rayon qui m'as lui, -
Parfum, jeune fille, harmonie...
Le bonheur passait, - il a fui !


ANATOLE FRANCE
(1844/ 1924 )
Le livre de mon ami 
(Extrait)


Je vais vous dire ce que me rappellent tous les ans, le ciel agité de l’automne, les premiers dîners à la lampe et les feuilles qui jaunissent dans les arbres qui frissonnent ; je vais vous dire ce que je vois quand je traverse le Luxembourg dans les premiers jours d’octobre, alors qu’il est un peu triste et plus beau que jamais ; car c’est le temps où les feuilles tombent une à une sur les blanches épaules des statues.
Ce que je vois alors dans ce jardin, c’est un petit bonhomme qui, les mains dans les poches et sa gibecière au dos, s’en va au collège en sautillant comme un moineau.
Ma pensée seule le voit ; car ce petit bonhomme est une ombre ; c’est l’ombre du moi que j’étais il y a vingt-cinq ans. Vraiment, il m’intéresse, ce petit : quand il existait, je ne me souciais guère de lui ; mais, maintenant qu’il n’est plus, je l’aime bien.
Il valait mieux, en somme, que les autres moi que j’ai eus après avoir perdu celui-là. Il était bien étourdi; mais il n’était pas méchant, et je dois lui rendre cette justice qu’il ne m’a pas laissé un seul mauvais souvenir ; c’est un innocent que j’ai perdu : il est bien naturel que je le regrette ; il est bien naturel que je le voie en pensée et que mon esprit s’amuse à ranimer son souvenir. 
Il y a vingt-cinq ans, à pareille époque, il traversait, avant huit heures, ce beau jardin pour aller en classe. Il avait le cœur un peu serré : c’était la rentrée.
Pourtant, il trottait, ses livres sur son dos, et sa toupie dans sa poche. L’idée de revoir ses camarades lui remettait de la joie au cœur. Il avait tant de choses à dire et à entendre! Ne lui fallait-il pas savoir si Laboriette avait chassé pour de bon dans la forêt de l’Aigle ? Ne lui fallait-il pas répondre qu’il avait, lui, monté à cheval dans les montagnes d’Auvergne ? Quand on fait une pareille chose, ce n’est pas pour la tenir cachée. Et puis c’est si bon de retrouver des camarades! Combien il lui tardait de revoir Fontanet, son ami, qui se moquait si gentiment de lui, Fontanet qui, pas plus gros qu’un rat et plus ingénieux qu’Ulysse, prenait partout la première place avec une grâce naturelle ! 
Il se sentait tout léger, à la pensée de revoir Fontanet. 
C’est ainsi qu’il traversait le Luxembourg dans l’air frais du matin. Tout ce qu’il voyait alors, je le vois aujourd’hui. 
C’est le même ciel et la même terre; les choses ont leur âme d’autrefois, leur âme qui m’égaye et m’attriste, et me trouble ; lui seul n’est plus. 
C’est pourquoi, à mesure que je vieillis, je m’intéresse de plus en plus à la rentrée des classes.

Le bassin

THÉOPHILE GAUTIER
(1811-1872)

Poésies (1830)


Au Luxembourg souvent, lorsque dans les allées 

Gazouillaient des moineaux les joyeuses volées, 
Qu'aux baisers d'un vent doux, sous les abîmes bleus 
D'un ciel tiède et riant, les orangers frileux 
Hasardaient leurs rameaux parfumés, et qu'en gerbes 
Les fleurs pendaient du front des marronniers superbes, 
Toute petite fille, elle allait du beau temps 
À son aise jouir et folâtrer longtemps, 
Longtemps, car elle aimait à l'ombre des feuillages 
Fouler le sable d'or, chercher des coquillages, 
Admirer du jet d'eau l'arc au reflet changeant 
Et le poisson de pourpre, hôte d'une eau d'argent ; 
Ou bien encor partir, folle et légère tête, 
Et, trompant les regards de sa mère inquiète, 
Au risque de brunir un teint frais et vermeil, 
Livrer sa joue en fleur aux baisers du soleil !

La Fontaine Médicis

JACQUES PRÉVERT
Le baptême de l'air 
Histoires

Cette rue
autrefois on l'appelait la rue du Luxembourg
à cause du jardin
Aujourd'hui on l'appelle la rue Guynemer
à cause d'un aviateur mort à la guerre
Pourtant
cette rue
c'est toujours la même rue
c'est toujours le même jardin
c'est toujours le Luxembourg
Avec les terrasses... les statues... les bassins
Avec les arbres
les arbres vivants
Avec les oiseaux
les oiseaux vivants
Avec les enfants
tous les enfants vivants
Alors on se demande
on se demande vraiment
ce qu'un aviateur mort vient foutre là-dedans.


Au-delà des grilles, le Panthéon... 

FRANÇOIS RUFFIN - Ruffin fait le ménage à l'Assemblée!

8 mars 2018


Ce matin, on a tapoté à la porte de ma chambre-bureau, au 101 rue de l’Université.
J’étais encore au lit, j'ai pas réagi.
La porte s’est ouverte, j’ai grogné un “Je suis là”,  et la porte s’est refermée avec un “Oh, pardon!”
Comme j’étais réveillé, je suis descendu au petit déjeuner.
Quand je suis remonté, les tapis de douche ne traînaient plus dans la salle de bain, la cuvette des toilettes était récurée, les serviettes changées, les poubelles vidées.

Le même miracle se reproduit tous les jours.
Ce n’est pas l’œuvre d’une fée, mais de femmes.
J’ai échangé avec elles, rapidement, dans les couloirs.
Elles arrivent à 6 h, elles repartent à 10 h.
Assez tôt pour ne pas déranger le travail des députés.
Du lundi au vendredi, ça leur fait une vingtaine d’heures par semaine.
À raison de 9 € de l’heure, leur paie s’élève à 600 € et quelques par mois.

Bénéficient-elles de tickets-restau ? Non.
Ont-elles un treizième mois ? Non.
Des primes de panier ? De salissure ? Non.
Seulement 50 % de réduction sur le pass Navigo.
Et tant mieux, parce qu’elles ont une petite heure de transport à l’aller, et une autre au retour.

Ce pupitre ciré, ici, c’est elles.
Les cuivres lustrés, c’est encore elles.
Les marbres luisants, c’est toujours elles.
Elles sont partout et pourtant, elles sont absentes.
C’est le propre de la propreté : elle ne laisse pas de traces.
Leur travail est invisible.
D’autant qu’on s’applique à les rendre, elles aussi, invisibles.

Elles viennent ici tôt le matin, je l’ai dit, en horaires décalés.
Pour nous éviter de les croiser.
Et peut-être pour nous épargner la honte.
Car comment n’aurions-nous pas honte ?
Honte de ce fossé ?
Sous le même toit, dans la même maison, elles sont payées dix fois moins que nous, avec toutes des temps partiels contraints, toutes sous le salaire minimum, toutes sous le seuil de pauvreté.

Notre Parlement, plein de raisonnements et de bons sentiments, s’accommode fort bien de cette injustice de proximité. Je mentionne ça, parce que c’est sous nos pieds, sous notre nez.
Je le mentionne, également, parce que c’est à l’image de la France.
Toutes les entreprises, toutes les institutions, les universités, les régions, les lycées maintenant, les collèges, les hôpitaux, les gares “externalisent” leur entretien. Ça fait moderne, “externalisé”. 
Ça fait des économies, surtout.
Ça signifie que, silencieusement, au fil des décennies, à travers le pays, des milliers de femmes, à vrai dire des centaines de milliers de femmes, ont été poussées vers la précarité, vers des horaires coupés, vers des paies au rabais.

Je le mentionne, enfin, parce que ça vaut pour le ménage, mais au-delà aussi.
Ça marche pareil pour les AVS, auxiliaires de vie sociale et auxiliaires de vie scolaire, pour les assistantes maternelles, pour les emplois à domicile en tous genres. Pour toutes celles, des femmes le plus souvent, pour toutes celles qui s’occupent de nos enfants, des personnes âgées ou handicapées.

Quand ce travail n’est pas purement et simplement gratuit, compté pour zéro dans un PIB aveugle.
J’entends volontiers parler, dans cet hémicycle et ailleurs, d’une “société de service”, et chaque fois ça nous est vanté avec gourmandise, comme une promesse de bonheur.
Forcément, nous sommes du côté des servis.
Servis ici, à l’Assemblée, et aux petits oignons.
Servis dans les hôtels.
Servis dans les supérettes.
Servis jusque chez nous par des nounous.
Méfions-nous.
Méfions-nous que cette société de service ne soit pas une société de servitude, avec le retour des serfs et des servantes, des bonniches, mais sous un nouveau visage, sous un autre nom, plus moderne, plus acceptable, et qui nous laisse à nous, la conscience en paix.
Avec, en prime, en plus de la chemise repassée, de la moquette aspirée, des Chèques Emploi Service défiscalisés.
Notre confort est assis sur cette main d’œuvre bon marché.

Alors, depuis cette semaine, l’ambition présidentielle est partout martelée : à travail égal, salaire égal.
Fort bien.
Mais ça ne suffit pas.
Vous devez, nous devons, revaloriser les métiers largement occupés par des femmes.
Leur bâtir de réels statuts.
Leur garantir des revenus.
D’autant qu’ils sont, bien souvent, les plus utiles.

Virez les publicitaires.
Virez les traders.
Virez les nuisibles.
Mais payez comme il faut les aide soignantes, les infirmières, les auxiliaires de puériculture.

Avant de légiférer pour le pays, qu’on me permette de démarrer plus petit.
Par ici.
Par la poutre que nous avons dans notre œil.
Puisque se mène, nous dit-on, une grande réforme de notre Assemblée, qu’on ne les néglige pas, ces femmes de ménage.
Qu’on les intègre au personnel.
Qu’elles bénéficient de temps complets, et de primes, et de treizième mois.
Qu’elles ne touchent pas, sans doute, nos salaires de parlementaires. Oublions l’égalité, mais qu’elles gagnent un revenu décent, digne d’elles et digne de nous.
Qu’elles passent au-dessus du SMIC et du seuil de pauvreté.

Monsieur le Ministre, madame la rapporteur, mes chers collègues, j’espère vraiment que, pour une fois, mon vœu sera exaucé.
Je compte sur vous.
Ou alors, je vois une autre option.
Dans Tenue de soirée, Jean Pierre-Marielle demande
“Vous savez à quoi on reconnaît un riche ?
C’est quelqu’un qui ne nettoie pas ses toilettes lui-même.”
Une alternative, alors, c’est que les députés et leurs équipes nettoient leurs toilettes eux-mêmes.
Et qu’avec une telle mesure, cette tâche ne soit plus attachée à un genre.
Que l’on compte parmi nous des hommes de ménage et des hommes pipi. 
Je vous remercie.

MERCI: https://francoisruffin.fr/le-menage-a-lassemblee/